Exposition: Anna Maria CUTOLO, ou l’apologie de l’absence.


Anthropologie picturale, corps patinés par les ans, visages lisses encore dans leur gangue primitive de lumière diaphane et monacale. Effacement des frontières, humanité résultante de brassages séculaires et immémoriaux. L’humain dans l’œuvre d’Anna Maria CUTOLO, perd de sa superbe. Oubliés les canons académiques, les silhouettes pouponnes et délicates. Abolies les poses orchestrées, les instants doucereux et vides. La singularité des sujets importe peu, car l’humain, en-soi, n’est rien d’autre que le réceptacle d’innombrables mélanges de chair et de terre, qui le modelèrent depuis la nuit des temps.

Les regards sont fixes, scrutent l’au-delà des corps et des situations. Ils semblent même d’outre tombe, lourds d’interrogations, noirs d’une lumière astrale voguant depuis les tréfonds d’âmes vagabondes. Regards indigérables qui blessent, triturent, dérangent, déstabilisent. Mais regards également qui crient à tue-tête, vocifèrent, convoquent, appellent sans équivoque notre attention.

Notre humanité, très préoccupée de futiles affairements, tressaille et se rétracte dans un premier temps, ivre qu’elle est dans sa quête perpétuelle d’amoncellement. Puis, intriguée, curieuse, sentant surgir du fond de ses entrailles lourdes, l’esquisse d’une excitation abrogée, petit à petit s’approche, prête à s’abreuver.

L’art d’Anna Maria CUTOLO, c’est l’apologie de l’absence, le culte de l’avant qui donne sens. Art de témoignage, de transmission, volonté de conception d’un golem revisité, réceptacle des interrogations immuables d’une humanité qui tente de saisir la logique de ses origines. C’est également une tentative de régénération de l’âme humaine par l’affirmation d’un nouvel équilibre. Absence de la réalité ou réalité de l’absence ? Telle pourrait être la question.

Pascal VEYSSET-RAPAPORT

Entrée libre

Mardi / jeudi 15h à 19h

Mercredi / vendredi / samedi 15h à 20h

http://galeriedujansanet.com/

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