IDENTITÉ ET STYLE (D’ÉCRITURE)


SEMINAIRE DE RHETORIQUE

10 à 12 heures – 14 à 17 heures

Précédé d’une conférence grand public le lundi 29 avril à 20H

IDENTITÉ ET STYLE (D’ÉCRITURE). LE CAS ROMAIN GARY/ÉMILE AJAR

Animés par Francine Belle-Isle

En 1975, cinq ans avant sa mort par suicide, dans une entrevue accordée à Jacques Chancel qui lui demande s’il a réussi sa vie, Romain Gary a un petit rire sans illusion et répond : « À trente ans, je voulais être Romain Gary. Maintenant je sais que c’est impossible… » Pourtant, il est manifestement un homme accompli : héros de guerre, diplomate chevronné, polyglotte aux attaches culturelles nombreuses, et surtout écrivain reconnu. Il a un nom, comme on dit.

Ce nom ne suffit pas. Il ne suffit pas à ce nom. Dans le plus grand secret, à même une flamboyante supercherie littéraire, il s’invente en Émile Ajar, ce double nécessaire, longtemps cherché à travers de multiples pseudos, enfin trouvé dans la fiction d’une écriture renouvelée. Fatigué d’être lui-même, désireux d’échapper au profil statufié d’écrivain auquel son lectorat le contraint, il devient un Autre, au nom sorti de nulle part, lieu déclaré d’une identité inconnue, affirmée pourtant de la seule autorité des mots écrits pour la dire.

Le cas Romain Gary/Émile Ajar. Dans le sens où cette imposture, orchestrée sur la scène de l’écriture, pose des questions essentielles. Surtout quand il s’agit de les poser sur le terrain de la fiction romanesque, où les liens d’identité entre narrateur et auteur ne sont jamais évidents. Faire d’un roman le lieu déposé de son identité, c’est confier à l’imaginaire la responsabilité d’inscrire dans le réel le sceau de son authenticité. C’est donner à l’écriture de fiction, dans les différentes figures qu’elle emprunte, dans les diverses variations de style qu’elle exploite, le droit et le pouvoir de dessiner les contours de sa personne (ce qu’on est et ce qu’on n’est pas) pour les mettre dans l’oeil du lecteur et ainsi en assurer la consistance. À nous de voir si le jeu en vaut la chandelle…

Pour Romain Gary, l’affaire était de vie et de mort. Il fallait échapper à tout prix au regard idolâtre de sa mère qui l’avait condamné à être tout ce qu’il s’est efforcé de devenir, et plus encore. Quand l’oeil du lecteur a pris le relais et s’est superposé à celui de la mère, la charge traumatique a explosé. Il fallait absolument sortir de l’ornière des oeuvres de commande et aller radicalement ailleurs, vers un champ d’écriture autre où la création devenait possible pour vrai, pour se donner enfin « une tête à soi ». Une affaire de vie ou de mort.

Francine Belle-Isle est docteure en littérature et psychanalyste. Elle a fait carrière à l’Université du Québec à Chicoutimi comme professeure. Elle a également occupé la fonction de Vice-rectrice à l’enseignement et la recherche de 2005 à 2012.

Tarif : 6 euros la journée de séminaire (réservation conseillée)

Gratuit pour les élèves et personnels des établissements partenaires- ½ tarif pour les personnes handicapées et demandeurs d’emploi.

Lieu : institut RACHI

Institut universitaire Rachi 2 rue Brunneval 10000 Troyes- tél. 03/10/95/30/07- Mail : contact@institut-rachi-troyes.f- Site web :-www.institut-rachi-troyes.fr

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