Mercredi 18 septembre 2024, 17 h 30, salle jaune de la médiathèque
Par Géraldine Roux, agrégée et docteure en philosophie.
Une lecture souvent superficielle de la Bible a tendance à polariser les questions de genres, voire d’identité (sexuelle, psychosociologique, etc.). Selon cette approche, s’appuyant massivement sur la création de l’humain dans la Genèse, il existerait deux pôles : féminin et masculin. La Genèse n’est-elle pas catégorique sur cette polarisation ? Elle décrit, dans son premier chapitre, l’être humain créé mâle et femelle (Gen. 1:27) et un second récit, au chapitre 2 de la Genèse, présenterait un Adam mâle, esseulé, nécessitant la création d’une compagne pour le compléter.
Et pourtant, rappelons-nous que le Talmud différencie six genres, depuis son commentaire de la Bible hébraïque. Abraham et Sarah sont qualifiés, pendant une grande partie du récit, de tumtumim, en hébreu, c’est-à-dire de personnes dont le sexe est indéterminé. La polarisation initiale, dans la mythologie biblique, n’est-elle pas à complexifier et surtout à questionner ?
Nous nous interrogerons sur ce qu’on peut entendre par genres et altérité dans la Bible hébraïque en nous appuyant sur des exemples de duos – Abraham et Sarah, Ruth et Noémie, David et Jonathan, et même d’un trio, composé de Resh Lakish, Rabbi Yohanan et de la sœur de ce dernier.
Des manuscrits médiévaux de la Médiathèque Jacques Chirac, à travers leurs représentations et marginalia, nous aideront dans cette enquête.