Publicité locale

Du 16 mai 2025 au 4 janvier 2026
Exposition: on refait la mode

Le vêtement de travail peut-il allier praticité et élégance ?
Avec l’esthétique utility wear qui se hisse parmi les plus grandes tendances de la mode, le vêtement spécifique, revisité par les créateurs, devient tendance et franchit le pas de l’uniforme pour se retrouver dans la garde-robe d’aujourd’hui.
Cette tendance est le résultat d’un savant mélange de l’univers professionnel, militaire, sportif ou intime auquel on ajoute un soupçon de modernité esthétique.
Le vestiaire utilitaire se veut fonctionnel et confortable. Pantalons cargos des militaires, combinaisons des garagistes et salopettes des charpentiers, sous-vêtements, marinières des moussaillons, les pièces phares sont revisitées pour être portées au quotidien.
Nous allons vous raconter son histoire !

Qu’est-ce que l’utility wear et d’où vient-il ?
Pendant la Seconde Guerre mondiale, on parle de mode « utilitaire » ou « utility style » de l’autre côté de la Manche. La chambre de commerce britannique promeut la création de vêtements minimalistes quand les ordres de rationnement touchent le secteur de l’habillement, le vêtement doit remplir sa fonction avec un minimum de matériaux.
Le passé n’en finit pas de hanter les tendances
Les collections naissent des usages passés. La mode n’oublie jamais son histoire, s’en empare pour la réinterpréter. Les créateurs s’appuient sur les valeurs sûres pour penser une nouvelle allure.
Le vêtement de travail a longtemps été mis de côté, parce que perçu comme un marqueur social avant de s’imposer dans le vestiaire contemporain.
Autrefois nos grands-pères portaient fièrement des vêtements de travail robustes et résistants à toutes les épreuves. Le bleu de travail, uniforme des plus reconnaissables, apparait au 19e siècle, avec la Révolution industrielle. Cet habit de travail standardisé conçu pour des questions de sécurité est fabriqué avec du coton épais. Sa couleur bleue est la couleur foncée la moins chère à produire, elle masque facilement les taches.
De l’autre côté de l’Atlantique, vers 1870, un véritable marché des tenues de travail se forme, dominé par la firme Levi Strauss & Co. L’entreprise produit des solides pantalons en denim bleu. Les premiers jeans sont des pantalons de travail, portés par les mineurs et les bûcherons. La tenue bleue devient une norme dans toutes les usines.
Le jean est aujourd’hui un objet unisexe, basique, que l’on porte n’importe où et n’importe quand.

Le vêtement est ainsi détourné de sa fonction initiale. Uniforme des marins avant de devenir celui des Parisiennes, la marinière a déjà plus de deux siècles d’histoire derrière elle.
En France, la marinière de la Marine nationale naît par décret en 1858. Le régime de Napoléon III décide de mettre un peu d’ordre et demande aux équipages d’enfiler un tricot rayé, pour rendre les hommes visibles. Le décret impose que la marinière comporte exactement 21 rayures blanches de 20 mm de largeur et 20 ou 21 rayures bleu indigo de 10 mm de largeur sur le torse et le dos. Sur les manches d’une longueur ¾, ce sont 15 rayures blanches et 14 ou 15 rayures bleues qu’elle doit arborer. Elle doit être portée près du corps afin de ne pas entraver les mouvements pendant les manoeuvres.
Comme les filles dans le vent ne suivent pas les décrets officiels, la marinière est désormais libre de laisser parler son style aux confluences du masculin et du balnéaire. C’est d’ailleurs inscrit dans son acte de naissance mode ! En effet, lorsqu’en 1916, Coco Chanel lance son modèle, elle ne compte… aucune rayure ! Sa blouse en jersey reprend le large col traditionnel des marins. Elle s’est imposée comme un symbole d’élégance à la française grâce à des célébrités telles que Brigitte Bardot, Jean Seberg…

Les sous-vêtements invisibles prennent le dessus
Les pulls sans manches des ouvriers, des agriculteurs deviennent débardeurs avant de s’introduire dans le vestiaire de ville unisexe. Ce sont les travailleurs des Halles des marchés ou des ports qui le conceptualisent vers 1860. Afin d’être plus libres de leurs mouvements, ils découpent les manches de leur tricot. Ces pulls sans manches fascinent alors Marcel Eizenberg, bonnetier roannais qui décide de les produire en 1949. Le « Marcel » est né !
Dans les années 1950, les Français tombent la chemise et le portent en vacances au soleil, il est alors en coton, près du corps. Il devient sulfureux, les sex symbols d’Hollywood, James Dean, Marlon Brando ou Paul Newman crèvent l’écran, moulés dans leur débardeur. Dans les années 80 ce vêtement devient l’attribut machiste et viril par excellence. Les Belmondo, de Niro, puis plus tard Bruce Willis ou Dwayne Johnson affichent leur virilité.
Ce qui devait rester un sous-vêtement, un habit pour le travail, entre dans le dressing des petits et des grands.

Les sous-vêtements sont devenus un accessoire de mode dans les années 1950 et 1960, passant d’une teinte blanche traditionnelle à un éventail de couleurs et de motifs variés. Le développement de tissus comme le Dacron et la soie artificielle a permis aux hommes comme aux femmes de choisir parmi des nouveaux styles. Les publicités pour les sous-vêtements sont devenues plus explicites. Les bas, les bikinis ainsi que les strings en nylon ont rapidement rejoint les slips blancs dans les campagnes publicitaires

Dans les années 1980 et 1990, une question cruciale se posait dans le monde entier : « caleçon ou slip ? ».
Les caleçons avaient gagné en popularité après la Seconde Guerre mondiale, les hommes qui servaient dans l’armée s’étant habitués aux caleçons standard. Néanmoins, au cours du siècle, on a commencé à se demander si l’un n’était pas plus bénéfique que l’autre pour la santé. Le premier type de corset, né 2000 ans avant notre ère est porté par les prêtresses et déesses de l’île de Crète. Au cours des années 1500, Catherine de Médicis marque la mode en interdisant les tailles épaisses à la cour. Mais c’est à la Renaissance, sous la cour d’Espagne, que cet accessoire séduit les nobles femmes en affinant leur taille (buste en V). Le corset est également porté par les hommes, les dandys ou ceux qui souhaitent camoufler certains signes de vieillesse. Au milieu du 19e siècle, la corseterie rigide fortement désossée au laçage serré est devenue populaire. Le corset muni de jarretières pour qu’il s’attache directement aux bas est à la mode dans les années 1920.
En 1947, Christian Dior parvient toutefois à révolutionner la mode en lançant sa collection New Look à Paris. C’est un énorme succès et elle est copiée dans le monde entier. Le corset revient sur le devant de la scène dans les années 1980, mais cette fois dans le cadre du design extérieur des vêtements, portés par des icônes de la culture populaire, telles que Madonna qui porte l’iconique corset au seins pointus de Jean-Paul Gaultier.
Les chaussures ne sont pas épargnées, les ballerines, les baskets, sortent de leur usage sportif pour être portées chaque jour, les espadrilles passent d’une chaussure artisanale populaire à une chaussure estivale à la pointe de la mode.
Les marques de chaussures de sécurité Dr. Martens ou Caterpillar, boots de travail et chaussures des ouvriers des travaux publics sont aujourd’hui déclinées pour un usage quotidien.
La mode est pour chacun un moyen de communication non verbale, cette tendance permet de décloisonner les genres et les marqueurs sociaux. En s’emparant de ces vêtements utilitaires, en détournant les pièces de leur utilité première, les créateurs s’amusent, mais chacun peut aussi inventer son style.

La mode n’a pas fini de nous surprendre avec ses nombreuses réinventions… à vous de créer votre style.

AUTOUR DE L’EXPOSITION
15ème Journées européennes de l’Archéologie
13-15 juin 2025 Week-end gratuit pour tous
Programmation musées-troyes.com
Visite tout public
Dimanche 20 juillet à 15h
Dimanche 26 octobre à 15h
Réservation : 03 25 43 43 20
Visite ludique
Jeudi 23 octobre à 10h30 pour les 7-12 ans Réservation : 03 25 43 43 20

INFORMATIONS PRATIQUES
Musée de la Maille, mode et industrie – Hôtel de Vauluisant 4 rue de Vauluisant à Troyes
Exposition ouverte du 16 mai au 4 JANVIER 2026
Tous les jours sauf les lundis
du mardi au dimanche de 10h à 13h et de 14h à 18h

Copy link